mercredi, août 19, 2015

Devant mon bocal. La tribune de l’histoire, le malaise.



 La tribune de l’histoire, le malaise.
L’histoire, quelle merveilleuse matière. Autant l’histoire émerveille, donne à celui qui l’évoque la stature  de l’érudit, autant elle est une arme destructrice.  Entre les mains des hommes comme Ananie Rabier Bindzi, l’histoire est un prétexte.

Ce dimanche soir, c’était l’heure de la tribune de l’histoire, j’aurais pu me contenter du titre et du générique comme souvent, mais la curiosité, ce vilain défaut, m’entraîne à m’installer devant mon bocal. C’est le Général Semengue,  le mythe, me souffle mon petit doigt.
Car depuis le temps, mon imaginaire de gamin est embué du mythe Semengue. Il ya là une occasion sans nulle autre pareille. C’est vrai, il y a quelques années, dans le livre interview accordé au regretté Charles, nous avons vu quelques tâches sur la parure jusque là impeccable de notre symbole. Dans le livre, nous avons ainsi appris que des militaires putschistes ne savaient pas manipuler un canon. Mais, surtout, tenez-vous bien ! Nous avons appris comment réussir un coup d’Etat militaire au Cameroun. Alors, rien que pour ces souvenirs, je suis resté devant mon bocal. Pas pour peaufiner la méthode de coup d’Etat ? Non ! C’est très dangereux, d’ailleurs depuis, je cherche Guerandi, j’imagine vous aussi ! Aie ! Mon petit doigt, je sors de la route ?
Donc, ce dimanche j’ai eu pour mon compte. La bande d’annonce prévoyait un témoin de l’histoire. Qui ne veut pas écouter un témoin de l’histoire. Alors, comme des millions de Camerounais, je suis resté bien gentiment devant mon bocal. Pierre Semengue, unique Général dans un pays unique était aussi rare que les larmes d’un chien. Pierre Semengue, Président de la Ligue professionnelle de Football, nous l’avons à toutes les sauces, mais Pierre Semengue, témoin de l’histoire, il fallait être là. Alors je suis resté. J’ai écouté, j’ai bu les paroles, puis j’ai senti mes entrailles se retourner, alors j’ai vomi, sur ma moquette, faut pas le dire, pov’moquette. Le suspense était intense, j’ai perdu mon diner. L’histoire ne sortait pas ! Et la tension montait, notre témoin sur les encouragements de l’historien autoproclamé de mon bocal privé, alignait les anecdotes, les blagues suivies de poillardes.
Notre témoin qui convoque d’autres témoins, l’historien autoproclamé, anciennement journaliste, apprécie, « Mon général ! Nous avons l’exclusivité ». Le Général témoin se prend au jeu, il se voit dans le rôle de Superman, il a sauvé Fru Ndi, il a empêché un deuxième coup d’Etat. On sait que le premier était l’œuvre des pieds Nickelés, le deuxième organisé par une foule de 200 à 200 000 camerounais amassés sur le pont de Bangangté, a été contré, à mains nues, par notre Général témoin, devenu Spiderman. Demandez à Angouan ?
Notre journaliste, autoproclamé historien de mon bocal privé, opte pour l’histoire à l’envers. Pourquoi faire simple si l’on peut faire compliqué. D’abord aujourd’hui, puis hier. Comme cela le présent explique le passé. Il frappe les esprits. Des moments chauds, des années 1990, notre poseur de questions fait dire à notre témoin acteur, dans une complète hilarité consternante, qu’il ya eu un mort à l’université, tué certainement par les balles des étudiants. Notons, qu’il a fallu 25 ans pour que l’on passe de zéro mort à un mort. Du courage. Mon petit doigt, pov’moquette.
Notre journaliste autoproclamé historien s’agace, il écoute depuis trop longtemps. Il n’expose pas ses connaissances et les téléspectateurs, qui sont restés,  avec des intestins solides, peuvent croire qu’il ne pose que des questions. Après avoir fait reconnaître à son invité que les villes mortes étaient animées par des jeunes drogués, alimentés par Rhône Poulenc, une société française dirigée par un Bamiléké, ancien opposant devenu Sénateur, Pierre Flambeau Ngayap, notre journaliste se dévoile. Et l’histoire devient le tribunal. C’est le moment de régler son compte à cette ethnie, les Bamiléké. Des envieux, des cupides, dynamiques parce qu’ils ont massacré leurs frères. Dans une posture de tribun politique, il assène, « savez-vous, affirme notre journaliste, que les plantations de Bonaberi à Nkongsamba appartenaient au Sawa ? » Cette catégorie de journaliste ose tout. J’ai plus rien à vomir.
Ces populations, Bassa et Bamiléké, sous le prétexte d’être des résistants, « sont responsables de 99% des morts durant la période du maquis ». Notre journaliste ne doute de rien, comme tous les ingénus. Il oublie de préciser, dans le cas des Bamiléké, que ces derniers sont montés dans les avions français, armés de Napalm, pour bombarder leurs propres villages. Ces populations sont cupides, elles savaient qu’en 2015, un Président français viendra au Cameroun et reconnaîtra les crimes, et comme cela ils demanderont des réparations. Ce n’est pas bien calculé çà ? Affaire Nkap ! Mon petit doigt
Voila l’histoire faite par les snippers. Quand vous confiez votre espace, votre temps à des historiens du dimanche, vous récoltez ce malaise. Où sont les historiens Camerounais ? Certainement à la quête des postes, comme les autres. Ouvrir les archives et les lire, est-ce faire de l’histoire ? Personne ne m’a sonné. Je passais.
Nabali Mitsere   nabali-mitsere.blogspot.com

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