vendredi, février 13, 2015

Face au discours à la jeunesse du Président Biya. J’ai pas de contre tibias

Faut-il répondre au Président ? J’ai pas de contre tibias.
 
Faut-il répondre au Président ? Cette question revient en boucle dans mon esprit. Quand les magnétophones de la CRTV diffusaient pour la 32ieme fois le discours à la Jeunesse camerounaise, ce n’est pas le même discours ? Vous êtes sûr ? Dans tous les cas, moi, j’étais comme souvent dans le cirage, par la faute de la Sonel, ils disent maintenant ENEO ? Qu’est ce qui à changé ? D’accord le nom. Moi, de toute façon, j’avais pas le cœur à jouer aux chaises musicales, je n’avais pas de lumière dans mon quartier. Et j’ai pas écouté. Heureusement pour moi, et malheureusement pour notre Président, j’ai fait ce qu’il ne fallait pas faire. Très tôt, ce matin, je me suis précipité sur les réseaux sociaux. Ainsi, à l’insu de mon plein gré, je me suis rendu chez « les marchands d’illusions ». J’ai lu les illusions, pardon, je voulais dire que j’ai acheté, chez les vendeurs de discours, les illusions de notre Président, et voilà que j’ai envie de lui répondre.
Mais, faut-il répondre au chef des armées ? J’hésite. Je n’ai pas les contre tibias. Et puis, j’ai le souvenir du destin réservé à certains activistes « du changement qui tardait à venir » et à bien d’autres téméraires. Faut-il recommencer cette audace ? Je pense déjà aux conséquences. Je tremble, mon petit doigt, surtout. Lui, il ne se trompe jamais. Quand je vais recevoir une béquille, une tuile ou autres embrouilles, il est le premier averti. Le café noir non sucré dans les cellules du Commissariat de Police, les tibias en feu, Ah non ! Je ne veux pas répondre. Surtout, je ne veux pas désobéir à mon père. Il dit toujours, pas de politique chez moi ! Je suis toujours sous son toit malgré mes 33 ans. Je suis « la génération Biya ». Nous grandissons et nous restons des enfants. Alors, je parle souvent sous la couverture, à voix basse. Je chuchote à l’oreille de mon fils, sous le toit de mon père, « tu vas nous sauver mon fils », et je me rendors souvent en rêvant.
Mais, aujourd’hui, après avoir écouté pour la trente deuxième fois le discours des ombres, les sempiternelles promesses, les ambitions des autres... j’ai envie de répondre. Vais-je désobéir à ce chanteur qui scande, pour préserver mon intégrité physique face à la réaction des apprentis « Tonton macoutes » de la BIR, « Ne tente pas ! Ne tente pas ! Ils ont le sang à l’œil»
Mais, faut-il répondre à celui qui a fait de nous, jeunes, depuis 32 ans des « Fer de lance » ? En plus, je suis flatté par ces belles phrases qui touchent mon orgueil de débrouillard, « Je vous ai toujours fait confiance. Je vous sais jaloux de notre unité. Je vous sais épris de paix, de progrès et de justice. Je connais aussi votre bon sens et votre pragmatisme ». Ce n’est pas tendre ça ?
Alors, je médite, la confiance, est-elle réciproque ? Va-t-on un jour la mesurer ? Si nous sommes des lances, c’est pour faire la guerre ? Contre qui ? La guerre dans un pays de paix ? Alors, j’ai compris, dans l’expression « Fer de lance », il ya illusions, comme marchands de rêves, vendeurs d’ambitions…J’ai compris que les lances devaient servir à faire barrage à la haute technologie d’internet, ces choses des blancs là, car comme dit le président, « Vous devez surtout vous défier des chants trompeurs des oiseaux de mauvais augure, ces marchands d’illusion qui n’ont pour projet que la déstabilisation via les réseaux sociaux. Ces prophètes irresponsables cherchent de façon évidente à vous instrumentaliser »
Alors, même si je ne comprends pas, cette histoire de volailles, « oiseaux de mauvais augure », via « les réseaux sociaux », est-il nécessaire de répondre au chef ? Non, je n’ai pas la force de répondre à la meute, à tous les affidés de notre RDPC, parti presque unique, qui infectent les réseaux sociaux et insultent, menacent…Encore mon petit doigt, les menaces sont déjà là ? Alors, au lieu de répondre, écoutons les oiseaux de la béatitude qui eux portent le discours des ambitions originelles et éternelles de la jeunesse camerounaise. Le ministre, anciennement ministre de la jeunesse et des sports, devenu ministre de la jeunesse et de l’éducation civique, quand je vous disais tantôt que nous sommes au bon soin de la baquette, celle qui nous éloigne des « prophètes irresponsables » des réseaux sociaux, pour nous plonger dans la marmelade du discours très unique, pour des jeunes uniques, dans un pays unique. Le discours de la colombe est celui-ci : « Au moment où notre pays est engagé dans un vaste programme destiné à leur assurer un avenir meilleur, il s’avère nécessaire pour les jeunes, de barrer la voie à tout ce qui peut hypothéquer la conduite harmonieuse et l’ambitieuse politique du Chef de l’Etat qui vise à faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035 ».
Mais faut-il répondre ? D’ailleurs je ne me souviens plus de la question. Je viens seulement de comprendre, que les ambitions, exactement comme le péché pour les chrétiens, sont originelles. Alors mon petit doigt, très fortement cette fois, insiste, ptit ! ptit ! Faut attendre. Nabali Mitsere

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