vendredi, février 28, 2014

QUI A TUE CHARLES ATEBA EYENE? CAMEROUN. SIX ANNEES APRES FEVRIER 2008.

Charles Ateba Eyene  a été tué par le système RDPC qu'il a toujours défendu. Comme de nombreux camerounais qui meurent tous les jours à cause de la corruption, de la pauvreté, et de la gabegie des hommes aux pouvoirs, l'homme qui évoquait les paradoxes, est parti, victime des paradoxes d'un pays riche, et d'un État appauvri qui ne peut soigner ses enfants
Une année après les tueries du Cameroun, février 2008, nous avions mis en ligne le rapport des Associations des droits de l'homme qui revenait en gros sur  les causes, le déroulement, et les conséquences des événements. Six années après, qu'est ce qui a changé? Quelles sont les mesures existantes susceptibles d'empêcher une nouvelle  poussée de fièvre? La corruption et l'attentisme repoussent, pour chacun de nous, le moment fatal. Nous pleurons depuis quelques jours un homme du système RDPC qui est tombé. Ne tirons pas sur le corbillard. Si cette disparition pouvait déclencher une prise de conscience, faire comprendre la vanité de nos petites vies et la grandeur de la nation à construire.
 Nous apprenons l'existence d'une liste de personnes, dressée par le défunt, qui n'auront pas l'honneur d'assister aux obsèques de celui qui fût le manitou de la communication du Parti au pouvoir. Pourquoi cette liste? Ces personnes n'ont pas voulu mettre la main à la poche pour que leur ancien camarade soit évacué en France. Pourquoi l'évacuation? et pourquoi la France? Selon les propos de son camarade de parti, Messanga Nyamding, Le CHU n'a pas le matériel adapté pour une dialyse. Dire que nous avons perdu l'icône, parce que depuis 30 ans, le CHU n'est plus que l'ombre d'un hôpital universitaire? Dire que nous avons perdu cette figure montante du RDPC, parce que personne dans l'entourage, de ce parti, qui acclamait à coups de millions et de youyous la libération de l'ex-ministre de l’éducation de base, n'a trouvé une somme de 2 millions de franc Cfa?
Non! Posons la question autrement. Dans l'insouciance totale, et même dans l'indifférence de ceux qui nous dirigent depuis plus de trente ans, des millions de camerounais meurent parce qu'ils ne peuvent s'offrir les premiers soins. Eux , ceux qu'il côtoyait au comité central du parti-Etat, peuvent être évacués pour une fièvre ou un rhume. Ces jeunes gens, qui en 1990, dans les allées de l'université de Yaoundé manifestaient, qu'est ce qu'ils voulaient? Ces jeunes, massacrés en 2008 dans les rues du Cameroun, qu'est ce qu'ils souhaitaient? Que l’État du Cameroun existe, que les hôpitaux ne soient plus des mouroirs, que le CHU soit à la hauteur de son nom. Que disaient les communicateurs du RDPC? Rappelez-vous, de ces noms de bêtes sauvages, et surtout des appellations devenues cultes "les apprentis sorciers", "les vandales", "des hordes d'allogènes qui veulent prendre notre pouvoir...etc"
 Certains sont depuis en prison, pas parce qu'ils voulaient s'éloigner des méthodes du régime, mais parce qu'ils avaient l'empressement d'en profiter, un peu plus, des avantages  Pour avoir maintenus, par les mots, les actes et autres mesures arbitraires, ce régime sur pieds, sont-ils seulement des victimes ou aussi des bourreaux?  L'histoire retient très peu des aventures individuelles. Il y a six ans, près de 200 jeunes gens sont tombés parce qu'ils voulaient un "autre vivre ensemble". l'Histoire retiendra. Nous, nous attendons. Nous attendons qu'une autre icône tombe et que nous trouvons les responsables ailleurs.
Nabali Mitsere

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