mardi, octobre 30, 2007

Consulat du Cameroun à Paris : Parcours dans l’antre de la gabegie




Pour les résidents Camerounais qui connurent la rue d’Auteuil dans le 16e arrondissement parisien, le déménagement dans les Hauts de seine amenait à croire à une certaine amélioration. Si l’on ne regrette pas ces couloirs sombres et cette sensation qui vous donnait l’impression d’être très proche d’une fosse sceptique, quand vous étiez dans le hall d’accueil à la rue d’Auteuil, en quelques mois, le nouveau site du quai le Gallo n’a plus rien à envier à l’ancien site dans le rayon des malaises.
Dans le langage diplomatique, le consulat du Cameroun est un territoire camerounais. Un endroit où chaque Camerounais devrait se sentir protégé et à l’aise. Il se raconte constamment cette anecdote survenue dans une représentation camerounaise en europe. Un matin se présente deux flics. Ils sont en compagnie d’un africain sans papier. Ils présument que celui-ci est Camerounais. Ce dernier a tout intérêt à ne pas être reconnu comme tel. Les deux policiers viennent obtenir un laissez-passer pour procéder à son expulsion vers son pays d’origine. Face au diplomate qui accueille le trio et s’apprête à délivrer le document fatidique, le jeune homme tente une dernière pirouette. Il s’adresse au diplomate en pidjin, langue populaire parlée dans les grandes villes camerounaises, le suppliant de ne pas admettre sa nationalité. Dans un large sourire, se tournant vers les policiers, le diplomate traduit la plainte du Camerounais et confirme que sans aucun doute l’homme est bien Camerounais.
Cette histoire traduit la double détresse dans laquelle se trouve les Camerounais à l’étranger. Pour échapper à la pression de la société occidentale, ils ne peuvent compter sur un quelconque réconfort dans leurs représentations diplomatiques. A Paris, le consulat n’est sûrement pas l’endroit où devrait se réfugier le Camerounais en détresse. S’il existe un endroit qui vous dépouille de votre bonne humeur dès le premier contact, le consulat du Cameroun est bien le lieu idéal.


Lieu de contrastes, le consulat tranche par sa petitesse et son inhospitalité.

Dans le quartier bourgeois qui accueille des sièges de banque et la sous-préfecture des Hauts de seine, lieu de contrastes, le consulat tranche par sa petitesse et son inhospitalité. La représentation camerounaise se situe dans l’arrière boutique d’une banque, entre un kiosque à tabac et un parking sous terrain. Devant le kiosque à tabac, sous une coupole qui donne accès au parking sous terrain, vous cessez de vous demander si vous avez pris la bonne orientation à la sortie du métro ‘Ponts de sèvres’. Une foule de personne, en ligne souple, obstrue la voie menant au Parking. Vous vous dites que vous n’êtes pas tombé le bon jour. Vous remettez au lendemain vos ambitions, malheureusement la foule est toujours aussi dense, vous décidez de prendre place dans la queue qui pointe sur le trottoir du quai Gallo. Trente minutes durant, vous n’êtes toujours pas à l’intérieur du bâtiment. Vous pouvez vous estimez heureux de n’avoir pas choisi une période hivernale pour proroger votre passeport ou pour demander un extrait de naissance. Après des minutes meublées de coups de coudes, d’insultes et d’invectives de part et d’autres des personnes à bout de nerfs comme vous, vous franchisez enfin cette porte de garage qui vous plonge dans le Cameroun réel.
Si vous poussez un ouf de soulagement, quand vous recevez des tickets numérotés des mains de l’homme d’accueil coincé dans une cabine de verre, qui tient sûrement aussi lieu de magasin ou de réserve, vous ne tardez pas à comprendre que vous avez jugé précocement la situation. Les tickets numérotés qui vous donnent cette sensation d’ordre ne vous seront d’aucune aide. Si vous, grâce à votre ticket vous avez gagné le droit de contourner la cabine de verre et de rejoindre une file quasi statique entre des vieux appareils de photocopie et une table bancale, certains n’ont pas se privilège. Ils passent du côté droit de la cabine de verre et empruntent, avec la complicité de certains agents, la porte réservée à la sortie et se présentent directement aux caisses. Vous comprenez l’inutilité de votre ticket et les raisons de la file statique.
Vous avez un caractère optimiste, vous vous dites, les jours de grande affluence peuvent provoquer ces genres d’attitudes et une longue attente. Pourtant, vous n’êtes pas au bout des découvertes. Si les agents de la caisse avaient tant soit peu un brin de courtoisie dans leur langage, vous ne vous souviendrez pas qu’ils viennent de vous vendre une enveloppe timbrée à près de dix fois son prix ordinaire. Vous n’auriez certainement pas un regard noir quand vous débourseriez pour une photocopie cinq fois son prix habituel.

Comme dans l'administration camerounaise

Si vous avez eu la chance de ‘suivre’ un dossier dans un ministère camerounais avant votre séjour en France, fermez les yeux, vous allez empruntez le même labyrinthe. L’accueil de chiens battus, ce regard de biches avides, rien ne manque au chapitre. L’environnement camerounais s’y prête peut-être. Mais, comment comprendre que des Camerounais et même les autres qui viennent des quatre coins de la France, au détriment de jours de congés, replongent brutalement dans la réalité camerounaise en pleine capitale française. Quand la majorité des services publics ouvrent de neuf heures à douze heures et de quatorze heures à dix huit heures, le consulat est véritablement opérationnel de dix heures à douze heures. Au delà de cette heure, il reste ouvert et les agents désoeuvrés ne reçoivent plus de nouvelles demandes. Ils ont à la bouche ce simple refrain ; revenez demain, les patrons qui signent ne sont pas là. Ce qui explique les habituelles affluences dans ce consulat visiblement entre les mains des agents subalternes.
Le personnel est majoritairement féminin. Est-ce le jeu des regroupements familiaux ou une politique visant à encourager le sexe dit faible ? Dans tous les cas, il ne faut certes pas être un habitué du consulat pour percevoir la tension qui y existe. Si l’agent de l’Etat civil ne veut voir personne franchir le seul de sa porte pour une quelconque intervention, il le fait savoir, pas seulement à la collègue un peu entreprenante, mais à tous les usagers et surtout en double version amplifiée en français et en dialecte. Face à ces agents qui ne mégotent pas leurs pouvoirs, n’ayez surtout pas la bonne idée de leurs faire une réflexion sur la lenteur du service. Vous aurez pour vos frais. Le tarif minimum sera de vous faire revenir le lendemain. Si vous arguez que vous venez de Strasbourg, il vous conseillera de vous adresser à Marseille, l’autre bout de la France, si vous êtes pressé.
Une chose tout de même positive, comme pour renforcer l’incongruité du quotidien dans le consulat, toutes les directives sont marquées par écrits et affichées. Il est ainsi interdit de rester devant les locaux du consulat pour ne pas importuner les voisins. Je voudrais bien que l’auteur de cette note, « ministre conseiller », soit soucieux de la tranquillité des habitants du dessus, mais comment loger dans moins de dix mètre carré une cinquantaine de personnes. Comment ne pas prendre les précautions d’être devant le consulat dès six heures si l’on veut être servi vers onze heures. De même, dans une autre note signée par le même auteur, il est demandé aux usagers d’avoir des tenues respectant la solennité des lieux. Et comme pour montrer que ce texte s’applique seulement aux jeunes femmes arborant les strings, comme le souligne l’agent de l’accueil, deux hommes qui confirment l’exception de la féminité du personnel, arborent un sous vêtement décolleté et un pantalon treillis militaire pour l’un et un jogging sandalette pour l’autre.
Ainsi va le quotidien dans ce qui doit être la plus grande représentation des Camerounais à l’étranger. Planté comme un OVNI dans un milieu de travail et de sérieux, le consulat camerounais est sur le plan juridique une parcelle du Cameroun. Il transporte pour le malheur des usagers, contre vents et marées, tous les stigmates du mauvais fonctionnement de la société camerounaise. Est-ce vrai qu’un tronc d’arbre, dans le fleuve durant de longues années, prend les traits du reptile, fait peur, mais ne deviendra jamais un crocodile ?
Nabali Mitsere

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut
Je vois que l'inspiration peche. Dernier article avril. Rien sur Mungabé, rien sur la comdamnation du président Soudanais. Allez, vite à la plume. Constant - epinayocentre.blogspace.fr

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci